La formation professionnelle a pour principal atout de permettre à toute personne de pouvoir évoluer dans sa carrière. Elle sera utile soit pour avancer dans son métier, soit pour se réorienter dans une nouvelle direction professionnelle. La formation est également un formidable outil d’acquisition de connaissance et d’expertise pour tous ceux qui n’ont pas eu l’opportunité de poursuivre des études. En ce sens, la formation est un des vecteurs de l’ascenseur social.

Force était de constater que malgré le système français de financement de la formation par le 0,9% de la masse salariale et l’existence du DIF (Droit Individuel à la Formation), peu de salariés recouraient à la formation. Il faut aller s’immerger dans les entreprises pour bien comprendre le pourquoi de cette situation. Les demandes de formations exigent souvent des temps de réponse longs de la part des services chargés de les organiser (DRH ou Service de formation des entreprises). Les négociations avec des centres de formation externes nécessitent des appels d’offres, des négociations financières pointilleuses avant d’aboutir à un choix définitif et à l’élaboration d’un cahier des charges ou d’un calendrier de sessions.

Formation en interne ou en centre de formation, chacune de ses options a ses avantages et ses inconvénients. La mentalité française est plus sensible à une formation type scolaire, donc en centre, plutôt qu’à une approche individualisée au sein de l’entreprise ou sur les postes de travail des apprenants. Par ailleurs, la volonté de maîtriser les coups a conduit nombre d’entreprises à créer leur propre centre de formation en interne afin de fonctionner en circuit financier fermé.

Certaines dérives ont été dénoncées comme l’utilisation de la manne de la formation professionnelle pour financer des organisations sans pour autant proposer la moindre formation.

La réforme avait pour objectif de rendre la formation plus accessible. C’est ainsi que le DIF (lié au salarié tant qu’il était dans la même entreprise) vient d’être remplacé par le CPF (Compte Personnel de Formation) qui suit le salarié tout au long de sa carrière.

La suppression de l’obligation de financer la formation a été un gage donné au MEDEF, arguant que les grandes entreprises finançaient la formation des PME et PMI. Il faudrait rappeler au MEDEF que ce sont plus souvent les grandes entreprises qui envoient leurs salariés en formation que les PME-PMI, tant pour des questions d’organisation que de budget. Cette mesure risque de priver nombre d’organismes collecteurs de fonds pour financer des formations utiles au développement des entreprises ou à l’évolution de carrière de nombreux salariés.

Que dire enfin de l’établissement de liste de formations certifiantes ou diplômantes, sorte de nomenclature étatique des formations reconnues au détriment de cursus novateurs tout aussi nécessaires que ces labels « Éducation nationale ». Il aura fallu que Microsoft hausse le ton pour que la bureautique et que l’information fassent partie de cette fameuse liste, notamment. Il est à craindre que les recours se multiplient tant les pouvoirs publics ont fait preuve d’ignorance en la matière ou d’esprit retors pour éliminer des acteurs dans le domaine de la formation.

Alors que la France souffre du chômage et que les élites dirigeantes ne voient l’avenir que par la seule lorgnette du numérique, qui s’il est incontournable n’est pas l’unique solution à la crise, comment expliquer cette mise en coupe réglée de la formation professionnelle. Que cherche-t-on réellement ? Éliminer les structures de tailles moyennes au profit des mastodontes du secteur ? Exigera-t-on demain des certifications des formateurs ou autres labels à la sauce ISO ? Quid de tous ces professionnels expérimentés, passionnés par la transmission des connaissances et faisant preuve d’empathie envers leurs apprenants ? Croit-on qu’en fusionnant la formation professionnelle avec l’Éducation nationale tant dans les critères de fonctionnement que dans la pédagogie on rendra service aux apprenants ?